La maladie de Huntington : de nouveaux espoirs

Une équipe de scientifiques de l'Université de Leicester a publié, dans le journal scientifique Current Biology, des résultats venant améliorer la compréhension du processus de neurodégénérescence de la chorée de Huntington [1]. L'étude, portant sur le modèle animal des mouches à fruits, ou Drosophila melanogaster, a ciblé la voie de signalisation moléculaire des kynurénines. Enzymes résultant du métabolisme du tryptophane (acide aminé essentiel constituant des protéines et devant être apporté par l'alimentation car l'organisme ne peut le synthétiser), les kynurénines sont connues pour affecter les cellules nerveuses, et sont au nombre de trois : l'acide kynurénique (Kyna), l'acide quinolinique (Quin) et le 3-hydroxykynurénine (3-HK).


Le modèle animal de la mouche à fruits présente l'avantage qu'il partage une large quantité d'information génétique avec l'humain, dont la voie de signalisation des kynurénines. Par ailleurs, son cycle de vie rapide permet d'obtenir de nombreuses données et résultats en un temps relativement court. En raison de la simplicité génétique de ce modèle, les scientifiques ont pu réguler cette voie de signalisation selon des critères précis et ainsi examiner les effets de ces métabolites sur la dégénérescence neuronale. En particulier, ce phénomène était largement ralenti chez des animaux transgéniques non porteurs du gène responsable de la synthèse de l'enzyme KMO : les scientifiques ont observé une réduction significative du ratio 3-hydroxykynurénine (agent neurotoxique) / acide kynurénique (agent neuroprotecteur), un ratio généralement élevé chez les mouches atteintes de cette pathologie.

Les scientifiques ont donc cherché à reproduire cet effet chez des sujets sauvages (non transgéniques) en utilisant trois agents inhibiteurs de l'enzyme KMO. La neuroprotection observée était similaire en amplitude à celle observée chez les animaux transgéniques. En revanche, aucun effet synergique n'a pu être observé chez les animaux transgéniques soumis à l'inhibition de l'enzyme KMO.

De manière intéressante, un article connexe a été publié simultanément par des scientifiques américains dans le périodique Cell, relatant des résultats similaires chez des animaux murins et rongeurs des maladies de Huntington et d'Alzheimer.

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[1] La chorée de Huntington

=> La maladie
La maladie de Huntington (MH) est une affection cérébrale héréditaire qui doit son nom à George Huntington, médecin américain qui fut le premier à la décrire en 1872. Cette maladie neurogénénérative provoque la destruction des cellules de certaines parties spécifiques du cerveau : le noyau caudé, le putamen et - lorsque la maladie progresse - le cortex cérébral. Le noyau caudé et le putamen sont reliés à de nombreuses autres aires du cerveau et ils aident à contrôler les mouvements du corps, les émotions, la pensée, le comportement et la perception du monde extérieur. La maladie conduit à l'incapacité et, tôt ou tard, au décès.

=> Les traitements
Il n'existe pas aujourd'hui de traitement pour guérir ou ralentir le développement de la maladie. Seuls sont sur le marché des médicaments venant palier au mieux les symptômes, mais ils peuvent présenter de nombreux effets secondaires indésirables.

=> La science
Le gène, dominant, responsable de cette maladie a été identifié en 1993. Depuis 20 ans cependant, les processus biochimiques responsables de la mort cellulaire des neurones cérébraux gardent leurs secrets pour la communauté scientifique. Il est largement accepté que le gène, qui produit une protéine appelée huntingtine, se fragmente en un segment long et un segment plus court lorsqu'il est défectueux. Les segments courts s'agglutinent pour former une "balle de protéine". Les projets de recherche pour élucider les mécanismes d'étiologie de cette maladie sont nombreux, cherchant à comprendre si la mort cellulaire est une conséquence de la fragmentation de la protéine, de la formation des balles de protéines ou encore un processus différent. Certains groupes tentent de comprendre pourquoi seules certaines zones du cerveau sont ciblées et touchées par la mort neuronale.

SOURCE :
- BBC News, 03/06/11, http://www.bbc.co.uk/news/health-13626459
- University of Leicester, 02/06/11, http://www2.le.ac.uk/news/blog/2011-archive/june/drosophila
- University of California San Francisco, 02/06/11, http://redirectix.bulletins-electroniques.com/3hlXa
- Current Biology, (21) pp961-66, 07/06/11, http://redirectix.bulletins-electroniques.com/F2mlE
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