La chirurgie au secours des obèses diabétiques


Deux essais cliniques, publiés par la revue médicale New England Journal of Medicine, confirment que les intervention chirurgicales peuvent combattre plus sûrement le diabète que les traitements classiques combinant régimes, exercices physiques et médicaments.

Cela ressemble à un aveu d'impuissance pour les médicaments et les régimes. Dans le même temps, c'est un espoir pour de nombreux diabétiques en surcharge pondérale. Les résultats de ces deux études, publiées par The New England Journal of Medicine - l'une menée aux Etats-Unis, l'autre en Italie - sont clairs : pour aider les diabétiques à lutter contre leur maladie, le scalpel est plus efficace que les médicaments, l'exercice physique et les régimes. De quelle façon ? En réduisant mécaniquement la capacité de l'estomac obligeant ainsi les malades à absorber... moins d'aliments. Pour résumer : peu d'estomac = peu d'alimentation = pas de surpoids et donc, pas de diabète !

Pontage gastrique

La première étude, baptisée Stampede, a fait l'objet d'une présentation à la conférence annuelle de l'American College of Cardiology, réunie depuis samedi à Chicago. Mené aux Etats-Unis, elle a concerné 150 personnes souffrant d'obésité à des degrés divers.

Les participants – dont 66% de femmes, avec un âge médian de 49 ans – ont été répartis en trois groupes. Le premier a été soumis à une thérapie médicale intensive combinant exercice, régime alimentaire et médicaments. Les patients du deuxième groupe ont, en plus des anti-diabétiques, subi un pontage gastrique. Appelée également bypass (ou anneau) gastrique, cette technique permet de réduire la taille de l'estomac (jusqu'à 2 à 3 % du volume initial) et de rétrécir le passage en direction de l'intestin. Cette intervention est devenue presque banale au Etats-Unis, où plusieurs milliers d'opérations de ce type ont lieu chaque année. Une fois opéré, le patient ne peut plus absorber de grandes quantités d'aliments, sans être pris de nausées.

Ablation partielle de l'estomac

En plus du traitement médicamenteux, le troisième groupe a soumis à une ablation partielle de l'estomac (gastrectomie), visant à réduire son volume de 75 à 80%.

Résultat : un an après, les participants ayant subi l'une ou l'autre des interventions chirurgicales (pontage gastrique ou ablation partielle) avaient perdu beaucoup plus de poids que les patients du premier groupe. Ils étaient trois à quatre fois plus nombreux à pouvoir contrôler leur diabète que ceux du groupe témoin, tout en ayant réduit considérablement leur dépendance aux antidiabétiques.

« Depuis environ un siècle, nous traitons le diabète avec des comprimés et des injections (d'insuline, ndlr) et l'étude Stampede est l'une des premières à montrer que la chirurgie (…) pourrait chez certains patients être beaucoup plus efficace que les médicaments », a résumé le Dr Philip Schauer, professeur de chirurgie à la Cleveland Clinic, qui a mené cet essai clinique. « L'amélioration chez ceux ayant subi une des deux chirurgies a été tellement rapide qu'un grand nombre de patients a pu arrêter de prendre leur antidiabétiques avant même de quitter l'hôpital » précise-t-il.

Les résultats de la deuxième étude clinique, menée par le Dr Geltrude Mingrone de l'Université Catholique de Rome, ont été tout aussi spectaculaires. Deux ans après les interventions, aucune rémission du diabète n'a été constatée dans le groupe témoin. En revanche, 75% de ceux ayant subi un pontage gastrique et 95% soumis à l'autre procédure (ablation partielle de l'estomac) sont venus à bout de leur diabète.

Des millions de diabétiques concernés

Environ 80% des 23 millions d'adultes américains diabétiques sont obèses ou proche de l'être. Une bonne partie d'entre eux pourraient bénéficier de cette approche chirurgicale. Et les résultats des deux études laissent penser que même des patients qui ne sont pas vraiment obèses pourraient tirer profit de ces interventions. C'est en tout cas l'avis du Dr Philip Schauer, initiateur de l'étude Stampede, qui souligne cependant que les opérations sur l'estomac ne sont pas sans risques.

Dans son éditorial du New England Journal of Medicine, le Dr Paul Zimmet de l'Institut Baker du coeur et du diabète de Melbourne (Australie) l'affirme : « ces deux études vont probablement bouleverser le traitement du diabète ».


Par Charles Desjardins, France Soir
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